Chronique d'un repas de famille

27 décembre 2012

Chronique d'un repas de famille

Autant pour le réveillon du Jour du l'An tu peux éviter les repas de belle-maman et son chapon farci, autant à Noël, t'y peux pas y couper, le repas se fait en famille.

Famille. Le maitre mot d'une vie.

On a toujours l'impression d'avoir la famille la plus déjantée de la terre, mais quand on entend ce qui se passe chez le voisin, on se dit que bah non finalement notre famille, l'est normale, voire même pas si tarée que ça !

Toutefois, au repas de Noël, on retrouve tout un tas de spécimens :

- la maitresse de maison, complétement surexcitée. Dopée à la vitamine C pour tenir le choc. Tiens tellement le choc qu'elle fatigue tout le monde à s'agiter comme une puce sur le dos d'un chien gras et dodu ! Elle veut tout faire bien. Trop bien même. Mettre les petits plats dans les grands, faire une table digne des Windsors (tiens Kate et William, vont avoir un bébé, t'es au courant P'tit Scarabée), et préparer des mets à t'en faire éclater la panse. Depuis 6h du mat qu'elle est devant le fourneau, alors autant te dire que t'as pas interêt à caller devant le rôti de sanglier ! T'as idée du mal qu'elle a eu à lui mettre la pomme dans la bouche et le persil dans le... enfin, de l'autre côté de la bouche ?

- le mari de la maitresse de maison, qui lui est fatigué d'avance du monde qui va envahir son domaine, des momes qui vont toucher à ses affaires, de sa femme qui va lui gueuler dessus parce qu'il aura mis sa chemise bleue au lieu de la jaune qui va bien avec la nappe, de ses enfants qui attendent de lui d'être la réincarnation du Père Noël et donc d'avoir un budget illimité en achats cadeaux notamment high tech.

- les enfants des hôtes. Chez eux, ils connaissent toutes les cachettes de la maison pour éviter de venir faire une bise à tata qui a une moustache qui pique, à tonton qui pue du bec et à cousine qui est moche. Oui, mais voilà à 40 ans, les cachettes sont devenues trop petites pour se planquer. A moins que ce ne soient les enfants qui sont devenus trop grands. Et puis, faut qu'ils montrent l'exemple à leurs enfants à eux. Alors vont subir, sans broncher et avec le sourire. Mais pas de panique après une coupe de champagne, les petites bulles aidant, le monde parait plus gai. Et puis, oh, c'est Noël, alors vont pas se prendre la tête avec les mioches qui courent partout sous le regard désapprobateur des grands-parents pour qui, à leur époque, ça ne se passait pas comme ça. Mais alors pas du tout.... enfin Alzheimer aidant...

- les petits enfants. Comme la grand-mère, sont survitaminés. Dopés à l'adrénaline du Père Noël. Ils n'attendent qu'une chose que les cadeaux tombent de la cheminée. Ils ont bien sûr un double de la lettre envoyée au Père Noël, afin de faire une check list et ne pas manquer de culpabiliser le vieux barbu si jamais il a oublié d'apporter un jouet. Parce que bien sûr, je ne sais pas si tu as remarqué P'tit Scarabée, mais le jouet qui manque, le petit truc insignifiant c'est justement le jouet qu'ils voulaient absolument, le must du top, celui pour qui la vie n'est pas la peine d'être vécue si tu ne l'as pas. Voilà comment, on fait de futurs adultes frustrès, constamment au bord d'une dépression. Merci Père Noël !

- la tante. Gentille et douce. L'a rasé sa moustache pour l'occasion. Plus d'excuse pour ne pas lui faire la bise. La voilà les bras chargés de chocolat, que personne ne va manger, à part toi, qui auras pitié et qui sait que "gâcher la nourriture c'est pas bien". C'est elle aussi qui est chargée d'apporter la bûche.Une sorte de tradition muette tacite. Pourquoi chaque année, c'est elle qui doit apporter la bûche ? puisque chaque année son pâtissier, chez qui elle laisse des fortunes à Pâques, à Noël, aux annivervaires, lui refile, invariablement, la bûche au parfum que personne ne veut tellement l'est dégueu ? A croire qu'il doit faire un parfum spécifique pour elle.

- la cousine, que tu peux pas voir en peinture et qui te le rend bien. Seul ton mari trouve grace à ses yeux. A croire qu'elle est amoureuse, la garce ! Rien ne t'interesse chez elle et rien ne l'interesse chez toi. Pourtant, vu que t'es super polie, tu fais semblant de t'interesser à elle, mais souviens-toi, elle ne parle qu'à ton mari... Comme quoi on peut être de la même famille et ne rien avoir à se dire... et encore moins en commun.

- le cousin, avec lequel tu t'entends bien, que tu aimes beaucoup et qui te le rend bien. Pas comme sa pétasse de soeur quoi ! Il a beau dire à sa mère que sa bûche est de plus en plus dégueulasse chaque année, elle le croit de moins en moins au fil du temps. Nous avions tous mis nos espoirs en lui pour avoir enfin, un Noël, une bûche alléchante. Peine perdue.

- le tonton. C'est pas qu'il soit sourd ou muet, mais il dit jamais rien. Il subit. Et avec le sourire. Quel homme charmant. Ah non, l'est pas muet, si tu le branches sur la pêche, il est intarissable (oh, tu vises les jeux de mots là, mon P'tit Scarabée ?) L'est sympa tonton, dommage qu'il soit le père de la cousine naze.

- le cousin vieux garçon, qui comme les vieilles filles, est pétri de maniaqueries au point que même si c'était le seul mec sur terre, tu préfèrerais l'avoir comme pote que comme mec. Et alors avec les enfants... le pauvre... chaque année c'est pour lui un supplice de voir des momes qui bougent, qui mangent, qui crient, qui vivent quoi ! Son monde de célibataire est aseptisé et réglè comme du papier à musique. La famille pour lui c'est un drame psychologique.

- l'autre cousine, qui vient avec son nouveau mec. C'est la 5me fois qu'elle change de mec. Une menthe religieuse à côté ressemble à une coccinelle butineuse. Mais l'est sympa la cousine, pas comme l'autre pétasse. L'est juste un peu énervante à rentrer dans du 38 alors que toi... enfin, là, n'est pas le sujet du jour. Puis sont toujours sympa ses mecs. Devrait essayer de se trouver un mec l'aut'pétasse, peut-être !

- la petite cousine. La petite 7me merveille du monde, à qui personne n'a jamais osé rien refusé dans sa plus tendre enfance et qui maintenant est un peu "bizarre" ! Jamais un merci, même quand tu te coupes en 4 pour lui faire plaisir. Elle traine des pieds toute la journée même quand elle court. Pas facile de trainer les pieds en courant. Pourtant, l'est pas méchante. L'est même plutôt gentille. Mais, bon, s'pas sa faute, hein... juste que les jeunes maintenant sont comme ça, que veux tu ma pauv'dame ! Alors pourquoi on te fait tout un laïus sur l'éducation que tu donnes pas à tes momes quand ils oublient de dirent "à tes souhaits" quand tata Mauricette éternue ?

- les gendres et les belles-filles, qui font bonne figure et qui se lient pour reconnaitre que quand même, heureusement que l'élu(e) de leur coeur n'est pas comme le reste de la famille, parce que ils craigent du boudin les autres.

« Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. » ... ou pas